La création des asiles de nuit pour femmes

La création des asiles de nuit pour femmes

Dans le plan 2024 de son projet associatif, adopté en juin dernier, la Société Philanthropique a décidé de faire des Femmes en difficulté l’un de ses publics prioritaires. Les femmes en situation d’errance ou en grande difficulté, avec ou sans enfants, sont en effet de plus en plus nombreuses, surtout dans la métropole parisienne. Pour répondre aux besoins pressant de ce public très vulnérable, l’association a ainsi ouvert fin 2019 le CHS/ESI de la rue Georgette Agutte. Elle accueillait déjà des femmes en difficulté dans trois autres établissements : le CHRS Mérice (Paris 11ème), la Maison Mère-Enfant (Paris 18ème) et la Villa Excelsior (Cannes).

1879 : premier asile de nuit pour femmes à Paris

Ce souci d’accompagner les femmes en difficulté est loin d’être récent au sein de la Société Philanthropique. Dès ses débuts, l’association s’est attachée à soutenir cette population. Mais c’est surtout au tournant des années 1880, année du centenaire de l’association, que cette activité s’est structurée avec la création d’asiles, ou d’abris de nuit, destinés aux  femmes seules. La création de telles structures venait alors combler un manque puisqu’il n’existait rien de semblable à Paris. Proposée par deux administrateurs de l’association, cette idée s’inspirait des dortoirs ouverts pour la nuit à Londres (Casual wards et work houses).

150 places en 1914

Qui sont les femmes que la Société Philanthropique souhaite alors aider ?  “Tantôt, c’est la jeune fille quittant son pays pour venir chercher fortune à Paris et n’y rencontrant que déception, que la maladie ou un chômage subit met sans ressources sur le pavé ; peut-on lire dans l’annuaire de l’association en 1902, tantôt c’est la bonne de province qui, pour gagner de plus forts gages, arrive à Paris et ne trouve pas de suite de l’ouvrage, tantôt, l’épouse, (…) bannie du foyer conjugal. “. Le premier asile, rue Saint-Jacques, voit rapidement affluer des femmes enceintes ou avec un nouveau-né. Un asile maternel est alors construit dans la foulée. En moins de 10 ans, de 1879 à 1886, quatre lieux d’accueil pour femmes sans abri seront créés. Un cinquième suivra en 1914, soit 150 places au total.

Les premiers établissements pour femmes et enfants

  • 1879 : 1er asile de nuit pour femmes et enfants 253-255 rue Saint Jacques 75005 Paris – Maison Emile Thomas puis centre d’accueil pour couples d’étudiants
  • 1881 : Le 2ème asile de nuit et dispensaire, future Maison de la Mère et de l’Enfant, 44 rue Labat, 75018 Paris
  • 1883 : Les dons de Camille et Elisa Favre financent l’ouverture de l’asile de nuit pour femmes et enfants, – 166 rue de Crimée Paris 19ème
  • 1886 : Création d’un asile maternel 201 avenue du Maine et 7 passage Rimbaut Paris 14ème, Fondation Baron et Baronne Roze, puis Centre d’accueil International, 9 rue du Moulin vert, 75014 Paris.
  • 1914 : 5ème abri de nuit : Fondation Ernest et Arthur Merice, asile de nuit, dispensaire et fourneau puis Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale (CHRS) Merice, 5 passage du Trône – 75011 Paris